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H1PP0LYTE FLANDRIN. 519 templer dans la campagne ces villas splendides, ces rives sinueuses du Tibre, ces horizons grandioses qui ont inspiré Le Poussin. Les envois de l'ardent néophyte des arts manifestèrent ses progrès. Le premier, en 1833, fut : Dn jeune Grec sur un tombeau. Le second : un Euripide composant ses poésies, exposé à Lyon en 1835, et actuellement dans notre Musée. D'une activité infatigable, il joignit à cet envoi un tableau du Dante introduit par Virgile dans le Purgatoire , et conso- lant les envieux frappes d'aveuglement. Lyon possède aussi celle page, donl l'aspect mélancolique reproduit fidèlement la couleur du poème qui l'a inspirée. Sur une étroite corni- che de rocher, on voit, pareilles à des ombres fantastiques, les âmes coupables dont la multitude se perd dans un vapo- reux lointain. Le poète de la Divine comédie, au profil sévère et amaigri, se penche vers elles et les interroge. Sur le pre- mier plan apparaît Virgile, dont le type inspiré reproduit la sereine beauté de l'antique. En 1836, Flandrin envoya un jeune homme accroupi, étude merveilleuse pour la ligne et le rendu : placée au Luxembourg à côte de l'Homère de M. Ingres, elle soutient dignement ce redoutable voisinage. La même année il composa.encore un tableau intitulé : Saint Clair guérissant les aveugles, morceau d'une facture semblable en tout à celle du précédent. L'expression du saint est surhumaine, son regard semble appeler le prodige et les infirmes qui l'implorent se tiennent à ses pieds dans toute l'ardeur de leur foi. Flandrin aimait à citer ce mor- ceau, comme un de ceux qu'il avait poussés le plus loin, Pour satisfaire au règlement de l'Ecole, il envoya de Rome une copie en grisaille du côté gauche de l'Ecole d'Athènes : elle est d'un dessin large et savant ; on la voit aujourd'hui dans la salle de la Melpomène, au palais des Beaux-Arts. En-