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470 MOSAÃQUES D'UN RÊVEUR. Ce mot composé n'est pas le seul qui soit, dans la langue latine, l'heureuse et nette expression de la raison pure. Celle belle langue en renferme une foule d'autres qui le sont aussi. II y aurait pour un linguiste philosophe un beau recueil à faire de tous ces mots métaphysiques. IV. 0 beala soliludo ! o sola beatiludo! Cette devise m'a profondement remué chaque fois que, dans les monastères de Chartreux, je l'ai vue inscrite au- dessus d'une cellule de religieux. Cette émotion sera partagée par les âmes connaissant les divines ivresses de la solitude. La solitude! c'est-a-dire être à soi seul, s'appartenir tout entier, se plonger profondément dans le flot de ses pensées, s'absorber dans ses conceptions, et n'y être distrait par aucune rumeur importune ou étrangère; se nourrir de sa propre substance cl s'abîmer dans la contemplation de soi-même et des choses; s'isoler dans l'infini, l'absolu , et rejeter loin de soi, comme une entrave ineommode, le vain entourage du monde et des choses!... s'affranchir triomphalement des misérables préoccupations delà vie sociale, n'avoir besoin de personne et ne devoir ses jouissances qu'à soi-même : Voilà la solitude ! Elle a sur les grands esprits une puissance incalculable: c'csl un levier victorieux qui donne la force de soulever le monde, c'est une onde efficace et mordante dans laquelle les belles âmes se trempent comme un (in acier. Oh! mystérieuses voluptés du silence et de la solitude! je vous comprends el je vous aime. Vous communiquez h l'homme des forces surhumaines. L'être épris de silence, de solitude