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ÉLOGE RE IUVEZ. 257
dence, la méditation et l'inspiration, la fermeté et la bien-
veillance.
Il posséda surtout les deux qualités du cœur et de l'esprit,
les plus rares dans notre siècle superficiel et oublieux, la
vraie science qui, creuse toujours et la vraie fidélité qui ne
se dément jamais.
Je m'arrête... j'ai retracé sincèrement les traits de cette
grande existence, que pourrais-je ajouter désormais?
En contemplant ces pures et généreuses mémoires, ne
ressentez-vous pas l'invincible attrait de cette grandeur mo-
rale qui est a la fois un enseignement et une espérance?
Ne dirait-on pas qu'on se fait meilleur en les aimant, et que
l'admiration est déjà un pas vers la vertu ?
11 est des vies dont la ~ fortune a fait le mérite, d'autres
dont le mérite a fait la fortune. Pour les unes, la grandeur
n'est qu'un éclat emprunté dont le reflet s'éclipse avec l'au-
réole du pouvoir. Pour celles-là la retraite c'est la déchéance ;
la mort, c'est l'éternel oubli ; le piédestal brisé, la statue
s'abaisse et disparaît pour toujours. Les autres n'ont pas
besoin de piédestal ; les dignités ne sont pour elles qu'une
couronne passagère, et quand le vent des révolutions l'em-
porte, il reste celle de l'honneur que l'adversité ne saurait
briser et que la postérité relève. L'homme demeure aussi
grand que la veille, quelquefois plus grand ; le temps est
pour lui. A mesure que les préjugés du passé s'éloignent,
les ombres s'évanouissent et la face s'illumine. Puis, quand
il est entré dans cette grande retraite de la mort, la Renom-
mée s'assied sur sa tombe, les vains bruits se taisent devant
elle, mais le parfum des vertus s'exhale chaque jour davan-
tage. On dirait que la transfiguration de l'éternelle récom-
pense projette déjà sur la gloire humaine les rayons mys-
térieux de son incomparable splendeur.
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