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                       ÉLOGE DE KAVEZ.                      243

   Martignac, de son côte', était trop pénétrant et trop dévoué
pour vouloir priver la Royauté d'un concours aussi impor-
tant gue celui de Ravez ; il lui proposa la pairie. Mais mal-
gré les termes flatteurs dont cette offre était accompagnée,
et la bienveillance persévérante des anciennes relations qui
les unissaient, Ravez ne crut pas devoir accepter même cet
acte de justice de la part d'un cabinet qui s'était élevé par la
chute de ses amis. Le scrupule peut aujourd'hui paraître
excessif : il était conforme à la fidélité politique qui fait la
vie des temps parlementaires.
   Le ministère du 8 août, qui remplaça le cabinet Martignac,
renouvela l'offre de la pairie. Ravez n'avait plus les mômes
raisons de refus; aussi, malgré son regret bien légitime de
quitter la Chambre élective, il ne résista plus.
   Son entrée à la Chambre des Pairs fut saluée par elle
comme une véritable conquête; et son président, le chance-
lier d'Ambray, lui écrivait le 21 septembre 1829 :
   « La Chambre héréditaire n'a plus rien a envier à la Cham-
» bre élective. Le Roi l'appelle à posséder dans son sein le
» plus beau talent qui ait jamais distingué une assemblée
» délibérante. Je sens tout.le prix du présent que la sagesse
» du Roi daigne accorder a la Chambre que j'ai l'honneur de
» présider, et je me félicite avec elle de vous compter parmi
» nos plus illustres collègues. »
   Toutefois, Ravez ne voulut pas devenir ministre : il jugea
sans doute que d'autres situations, moins engagées que la
sienne, seraient plus propres à tirer la Couronne et le pays
de la crise difficile que leur dissentiment avait provoquée.
Il avait d'ailleurs toujours montré beaucoup d'éloigné-
ment pour les fonctions ministérielles, auxquelles il ne
croyait pas que la nature de son talent l'eût suffisamment
appelé. On peut trouver de l'exagération dans cette modestie,
mais la ferme persistance de ses refus aux époques les