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 244                   ÉLOGE DE RAYEZ.

 plus diverses, en 1818 comme en 1827 et en 1829, et la
 simplicité noble et désintéressée de ses nombreuses lettres
 h ce sujet, ne permettent de douter, ni de sa sincérité, ni
 de son dévouement.

     Il resta donc h Bordeaux sur son siège de premier prési-
  dent ; et sans pouvoir jamais devenir indifférent au sort de
 la royauté et du pays, ce fut désormais par l'exercice des
 fonctions judiciaires qu'il aspira h les servir.
    Ce côté de la vie de Ravez ne fut assurément ni le moins
 brillant, ni le moins utile. Charles X l'avait appelé à prési-
 der cette Cour de Bordeaux devant laquelle il avait si long-
 temps fait entendre sa voix puissante; un tel choix honorait
 h la fois le Barreau et la Magistrature. Il était pour l'un une
 haute récompense, pour l'autre une magnifique dotation.
    Aussi, au barreau comme à la Cour, le jour cle son ins-
 tallation solennelle fut une touchante fête. Le bâtonnier des
 avocats fut admis a exprimer les sentiments de l'Ordre,
 fier de revendiquer sa part de ce triomphe fraternel. La
 Compagnie répondit h ces félicitations avec une délicate
 courtoisie, et Ravez également dévoué à ces deux nobles
 corps, indivisibles soutiens de la justice, émut tous les
 esprits en traçant le portrait du vrai magistrat. Au milieu
 des acclamations générales, il fut le seul h no pas s'aper-
 cevoir que les applaudissements s'adressaient moins au
peintre qu'au modèle. Le modèle, chacun l'avait deviné, et
bientôt tout le monde le reconnut.
    En effet, nos temps n'en ont pas vu de plus complet. On
ne savait s'il fallait admirer davantage l'intuition soudaine
qui semblait deviner les causes, ou la consciencieuse sagesse
qui les éclairait toujours par les plus savantes investigations.
Son infatigable activité pressait le jugement des procès, sans
le précipiter jamais; les pauvres surtout n'attendaient pas.