page suivante »
190 ÉGLOGCES DE VIRGILE. sa vie. Mais le rire, grands dieux ! le rire même précoce et le plus hâtif n'est accordé à aucun enfant avant le quarantième jour. » (Ed. Littré, Paris, gr. in-8, 1851) (13). Il y a à tout cela deux réponses à faire, très-simples, mais aussi très-catégoriques :.la première, qui à elle seule serait péremptoire dans l'espèce, c'est que, la chose fût-elle admise, elle ne concernerait pas, le point en litige, et ne pourrait s'adresser qu'au vulgaire, selon l'expression fort juste de Brumoy vulgo terminus hœrcl. Or, c'est précisément pour cela que l'enfant prédestiné que chante Virgile, doit sourire dès sa naissance et manifester ainsi sa céleste origine; c'est le privilège des fils du ciel de se révéler par des actes extra- ordinaires que la foule admire mais que le monde ne peut suivre ; son intelligence doit être vive et précoce comme celle des dieux, et le partage d'un enfant issu d'une race immortelle est d,e sourire avant le temps fixé aux simples mortels. C'est ce qu'a fort bien saisi le poète russe Lomono- sow qui s'est inspiré de Virgile, pour célébrer la naissance du grand-duc Petrowitz : « Commence, aimable enfant, com- mence par ton doux sourire a reconnaître ceux qui t'ont donné le jour. Celui qui est d'extraction divine ne doit pas attendre pour se manifester le terme prescrit aux mortels. » (Voy. Bertholon de Pollet et Maisony de Lauréal). La seconde réponse, qui est accablante, c'est que le fait est faux; et ce n'est pas, hélas, la seule erreur que Pline ait recueillie dans sa vaste encyclopédie et qui se soit pro- pagée sous le patronage de ce grand nom. Je veux bien qu'il (13) Principium jure tribuitur homini, cujus causa videtur cuncta a)ia genuissenalura, magna sœva merccdc contra tanta sua munera ;.. homincm tanlum nudum et in nuda humo, natali die abjicit ad vagilus statim et plo- ratuni, nullumque tôt animalium aliud ad lacrymas et has protinus vitœ principio. At Hercules ! risus, pracox ille et cclcrrimus , antc quadragcsi- mum dicm nulli datur. »