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ÉGLOGUES DE VIRGILE. 191 n'appartienne qu'aux dieux de sourire en voyant le jour, comme le fit Bacchus au dire de Nonus L. Il y a même, hé- las ! des enfants qui ne sourient jamais ; ce sont ceux qu'a déshérités Hygie; on voit ces chétives créatures dépérir cha- que jour; leur existence n'est qu'une longue souffrance, hélas ! et une longue plainte ; jamais le sourire n'effleure leurs lèvres ; ils ne connaissent que les cris et les larmes -, jamais la gaîté n'anime leurs traits ; la douleur et la tristesse sont gravées sur leur physionomie, comme un symptôme de la mort prématurée qui leur est réservée. Mais pour l'enfant bien doué du ciel, plein de sève et de vie, en un mot, qui est physiquement bien né, celui-là n'at- tend pas le terme chimérique du quarantième jour. Combien de fois n'ai-je pas surpris, chez le nouveau-né, un sourire naissant dès le deuxième ou le troisième septénaire! Com- bien de fois, épiant, sur des êtres qui me sont chers, ce pre- mier indice de leur connaissance, n'ai-je pas réussi à le faire naître et à le recueillir dès cette époque? aucun de ces commentateurs n'était donc père? Aucun d'eux n'a donc observé de nouveau-né? Aucun d'eux n'a donc jamais songé a surveiller son propre enfant pour assister à l'épanouisse- ment de son intelligence dans les premiers sourires qui ani- ment les lèvres enfantines de ces intéressantes créatures? Et qu'on ne croie pas que je fasse ici du sentiment, en de- hors et peut-être au détriment de la physiologie. Écoutons Hippocrate, ou du moins l'auteur du traité hippocratique De seplimcstriparlu ; on ne saurait être plus affirmatif ; « Aus- sitôt après la naissance, on voit les enfants rire et crier dans le sommeil ; éveillés, ils rient et crient spontanément bien avant les quarante jours. » (Éd. Litlré, vu, 450) (14): (14) Parmi les modernes , Fournier Pcscay et Bégin font aussi sourire le nouveau-né dès les premiers jours : « La nature attentive à la conserva-