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                     ÉGLOGUES DE VIRGILE.                   189

   Lacerda a dit : Bidere pueros ad parentes suos habitumve-
teribus pro bono omine. L'histoire prouve qu'il avait raison,
et la physiologie vient le démontrer a son tour, en puisant
ses arguments dans un autre ordre d'idées. L'art des augu-
res, si vain d'ailleurs, rencontrait juste ici, parce que l'objet
sur lequel il s'appuyait, était un fait naturel ; la théorie de
l'horoscope pouvait mentir ; mais l'hygiène ne ment pas ; le
rire chez le nouveau-né est un signe de santé. C'est avec
toute raison qu'un vieux poète a écrit: Quivero nonrideal,
ei qui potcst esse vila vitalis? ut ait Emiius (Ang. Politianus,
Miscellanea, c. 89).
   La science des commentateurs, toujours fertile en arguties,
élève ici une nouvelle objection qui a arrêté presque tous
mes prédécesseurs : un enfant, dit-elle, ne sourit pas avant
le quarantième jour. C'est la pensée qu'exprime le poète :
    Ante quaterdenos si soles riserit infans
    (Namque recens natis hic vulgô terminus hseret)
    Magnus erit; prius hoc aliis natura negavit
    Quam lacrymis dudum puerilia finxerit ora,
    Usque adeô lacrymis ras est contermina risu-s !
                          Brumoy (Demotib. anim. 1. 6).

   Cette opinion, qui n'est qu'un préjugé populaire, prenait
alors ses appuis jusque dans la science antique; le passage
de Pline qui la concerne est trop célèbre pour que je ne croie
pas devoir le rappeler ici : « Il est juste, dit-il, dans son
Histoire naturelle, 1. vu, c l , de commencer par l'homme
pour qui la nature paraît avoir engendré tout le reste ; mais
à de si grands présents elle oppose de bien cruelles compen-
sations !... l'homme est le seul que le jour de sa naissance
elle jette nu sur la terre nue,-le livrant aussitôt aux vagisse-
ments et aux pleurs ; nul autre parmi tant d'animaux n'est
condamné aux larmes, et aux larmes dès le premier jour de