Revue du Lyonnais » série 2 - n°25 ( 1862 ) » pp.332

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ture, mais par dessus tout la science, et s'il la quitte un moment,
ce n'est ni pour longtemps, ni sans se faire violence.
   Le plus grand charme de ces pages est la simplicité pleine de
finesse et de bonhomie qui y règne, justifiant plus que jamais le
mot de Buffon sur le style. De temps à autre, une anecdote inté-
ressante , un souvenir historique peu connu viennent interrom-
pre agréablement le récit ; c'est ainsi que M. Mulsant nous cite
des vers qui ont presque l'attrait de la nouveauté, en nous par-
lant de Frédéric II et de Voltaire, deux génies au caractère de
femme, c'est-à-dire toujours en querelle.
             Voltaire des neuf sœurs l'indigne favori
             Est enfin démasqué, détesté dans Paris;
             On le brûle à Berlin, on le maudit à Rome ;
             Si pour être honoré du titre de gTand homme
             Il suffit d'être fourbe et trompeur effronté,
             Avec la Brinvilliers son nom sera cité.

 Que dirait notre école réaliste de cette imprécation poétique
 du royal élève d'Arouet?
   Le récit d'un voyage donne toujours l'envie de le faire ; au-
jourd'hui il n'en est même plus besoin ; voyager est devenu une
mode , une fureur, et la mode est étonnée d'avoir pris sous son
patronage une coutume utile au lieu d'un usage futile ou ridicule.
Plusieurs, je le sais, ouvriront le livre de la nature comme leurs
autres livres , sans en rien rapporter , s'il est vrai que l'on n'y
puise que les idées qu'on a déjà ; mais la plupart reviendront
plus forts, plus courageux pour la lutte de la vie, de ce pèleri-
nage où ont vécu les hommes forts et héroïques; car l'histoire
n'a pas gardé le nom de tous ceux dont l'humanité peut se glori-
fier; les dévouements les plus grands sont aussi les plus obscurs,
les plus inconnus ; il n'est pas une partie du sol que nous foulons
sur lequel on ne pourrait écrire : Siste, vialor, heroem calcas, et
dans les jours de doute et de défaillance nous pourrions, comme
 es sauvages interrogeant l'âme de leurs ancêtres, coller notre
oreille contre le sol, certains d'entendre sortir des voix géné-
reuses de cette terre où sont descendues tant d'âmes grandes et
illustres.                                   Adrien DESPREZ.