page suivante »
16 INSCRIPTIONS ROMAINES.
Rarement, c'était par un pur dévoûment, par un zèle dé-
sintéressé, qu'on élevait des monuments en l'honneur des
empereurs ou des grands personnages, qu'on vouait aux
dieux des autels pour leur conservation, pour leur santé,
pour leur retour, pour le succès de leurs entreprises. On
ne faisait en cela que travailler a sa propre fortune ; on
semait de la flatterie pour récolter de la faveur. Aussi les
courtisans , particuliers, corporations ou cités, qui em-
ployaient ce moyen, se gardaient-ils bien d'oublier ce qui
était le plus essentiel, c'est-à -dire, de consigner dans le
texte des inscriptions leurs noms et leurs qualités. Remar-
quable exemple d'abnégation, l'inscription d'Albigny laisse
ignorer quel personnage, quel corps ou quel peuple avait
en la faisant, témoigné de son dévoûment au parti d'Albin.
C'est encore un fait certain que dès que quelqu'un était
déclaré ennemi public, on ne manquait pas de renverser
aussitôt ses statues et de rayer ses noms de tous les monu-
ments publics et particuliers. Séjan sous Tibère, Scribonieu
sous Claude, Plautien sous Sévère, Eutrope sous Arcadius
en sont des exemples. Plusieurs inscriptions, notamment
une du Musée de Lyon, où se voient les traces de la radia-
tion dont il s'agit, font foi qu'Albin lui-même n'a pas échappé
à ce genre de proscription. Par quel miracle de tolérance
inusité, Septime Sévère, si vindicatif après sa victoire,
aurait-il laissé subsister un monument a la glorification de
son ennemi et personnellement injurieux pour lui-même?
En vérité, l'auteur de la dissertation a dépensé trop
d'encre et de recherches pour une mauvaise cause. C'est
un peu présomptueusement, selon nous, qu'il s'empresse de
s'attribuer le gain de la discussion. Il termine sa brochure
en invitant M. Léon Renier et M. de Boissieu, a reconnaître
qu'ils se sont trompés et à retracter la condamnation qu'ils
ont portée contre la tablette d'Albigny, et il vous prie,