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492                COUPOLE DE SAINT-FRANÇOIS.
 de cette pierre jetée dam son atelier. Je ferai cependant obser-
 ver à ces jugeurs du grand peintre des chambres du Vatican,
 qu'il y aurait beaucoup à discuter, au sujet de ce prétendu re-
 proche , et si j'osais émettre un avis, je dirais que M. Janmot a
 plutôt procédé de Micheb-Ange.
    La coupole de Saint-François se compose des quatre Évangé-
 listes, occupant individuellement les quatre angles, ensuite de
 quatre tableaux, sur deux desquels sont représentés deux à deux
 quatre grands prophètes. Sur l'un de ces tableaux, l'ancienne et
 la nouvelle Loi sont symbolisées par deux femmes ; enfin le der-
nier nous montre l'alliance de la Science et de la Foi. Je sais
parfaitement tout ce qu'on peut dire contre la peinture mysti-
que : elle n'est pas à la portée de ceux qui dans les arts veulent
 raisonner mathématiquement et nient la prééminence du senti-
ment. Quant à moi, je crois que l'art repose essentiellement sur
lui, et à ce propos je me permettrai une réminiscence, qui
expliquera toute ma pensée : 11 y a quelques vingt-cinq ans , je
revenais d'une représentation de Robert-le~Diable, et j'étais sous
l'émotion de l'ensemble du spectacle; je rencontrai un amateur,
qui sortait comme moi du théâtre et qui entreprit de nie démon-
trer, en raisonnant froidement, que la pièce en question n'avait
pas le sens commun. Je n'essayai pas de contredire mon interlo-
cuteur; mais je continuai à prendre un immense plaisir à l'audi-
tion, souvent répétée, de l'œuvre de Meyerbecr. Je ferai de même
à l'égard des sujets traités par M. Janmot : j'ai eu le plus grand
plaisir à les contempler. Je dirai plus : l'allégorie de la Loi nou-
velle découvrant le sens de la Loi ancienne est très-beureuse-
ment exprimée, et cependant, le sujet étant donné, j'avoue
qu'il m'eût paru impossible qu'on pût le rendre pittoresquement.
Quand le travail est achevé, chacun trouve la chose naturelle et
semble ne pas se douter des obstacles de tout genre, accumulés
sur la route de l'artiste.

   Notre ville s'est donc enrichie de l'œuvre remarquable d'un de
ses enfants ; j'engage les amateurs de la grande peinture à visiter-
la coupole de Saint-François, et il faut espérer que cette visite
fera meniir le proverbe : Nul n'est prophète dans son pays.
                                            Paul SAIKT-OMVE,