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              ET DES PROGRÈS DE L'ENSEIGNEMENT.             409

 des études si nombreuses doivent être tellement superficielles
 que l'ignorance même serait préférable. Je voudrais répondre
 aces objections et justifier, la variété actuelle des matières
 de l'enseignement et des programmes des deux baccalau-
 réats. Je ne crois pas qu'on puisse beaucoup y ajouter,
 mais je ne crois pas non plus qu'il faille y rien retrancher.
   La génération présente, direz-vous, serait-elle donc mieux
 douée de la nature que celles qui l'ont précédée, ou bien les
maîtres, par un zèle inconsidéré, auraient-il démesurément
étendu la tâche, sans s'inquiéter des forces de ceux qui de-
vaient la remplir ?
   Non, Messieurs, les maîtres n'ont pas commis une pareille
erreur , et d'un autre côté , rien ne nous prouve que la
jeunesse actuelle, quelque excellente opinion que nous en
ayons, dépasse ses devanciers en intelligence ou même en
bonne volonté. D'où vient donc qu'on lui demande plus au-
jourd'hui qu'autrefois?
   L'énigme n'est pas difficile à résoudre. Comment se fait-
il que les hommes d'aujourd'hui, quoiqu'ils ne soient pas
plus'robustes que les anciens , remuent, comme en jouant,
des masses que tous les Thésées ou les Hercules de l'anti-
quité n'auraient pas même ébranlées? Avec quelle rapidité
ne voyons-nous pas s'achever ces grands travaux qui domp-
tent la nature, ces monuments magnifiques qui dépassent,
suivant les belles expressions de Bossuet et de Montesquieu,
ceux que l'Egypte dressait pour la postérité ou que les Ro-
mains bâtissaient pour la ville éternelle ? C'est grâce, vous le
savez, au progrès de l'industrie et au perfectionnement des
machines.
   Il en est de la force intellectuelle comme de la force
physique. La science a aussi son industrie et ses machines
qui sont les généralisations, les théories, les nomenclatures
et les méthodes.