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470 DES PROGRÈS DE LA SCIENCE Encore une fois, je ne pense pas que notre génération ai reçu en partage à son berceau , une part plus grande d'in- telligence que nos ayeux, ou même que les premières géné- rations du globe. Si donc nous embrassons plus de choses, comme il est certain , c'est que nous savons mieux nous en servir c'est que nous opérons avec plus d'art et de méthode. Tout de même que si nous voyons des montagnes dans la lune, ou si nous distinguons des points lumineux dans les nébuleuses, ce n'est pas que nous avons les yeux meilleurs et la vue plus perpantei mais parce que nous avons le téles- cope. Qu'arriverait-il, Messieurs, s'il n'en était pas ainsi, si l'industrie de l'intelligence ne faisait pas, elle aussi, ses pro- grès? Qu'arriverait-il si à mesure que les connaissances humaines s'accroissent, avec une si prodigieuse rapidité, la facilité de les acquérir et de les conserver ne croissait aussi dans une proporiion analogue? Depuis longtemps accablée sous la masse toujours plus grande des faits et des connais- sances, et succombant sous le poids de l'héritage transmis parles siècles antérieurs, l'intelligence humaine, désormais immobile, n'aurait plus la force d'y rien ajouter et de faire un seul pas en avant. L'Europe tout entière deviendrait une autre Chine, si toutefois il faut croire ce qu'on dit de l'immobilité absolue de la science et des arts dans le Céleste Empire. Mais, grâce à Dieu, telle n'est pas, telle ne sera jamais la destinée de l'esprit humain. Loin qu'il succombe sous le poids du passé, dans ce qu'il a acquis il puise des forces nouvelles pour acquérir encore davantage, vires acquirit eando. Chaque découverte n'est qu'un échelon pour arriver a des découvertes nouvelles. Montesquieu a dit: « Ce qui rend les découvertes de ce siècle si admirables, c'est que ce ne sont pas des vérités simples qu'on a trouvées, mais