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LA TOUR DE SAINT-DENIS EN BUGEY. Le voyageur qui, porté par uo wagon rapide, entre dans la plaine d'Ambérieux, qu'il vienne de Lyon, de Bourg ou de Genève , voit d'abord devant lui , à l'extrémité d'une col- line gracieusement baignée par l'Àlbarine , une haute tour carrée qui se dresse comme un phare au centre du vaste bassin qu'environnent la rivière d'Ain, le Rhône et les monta- gnes du Bugey. Cette colline qui descend des derniers contre- forts du Jura , s'avance comme une chaussée , au milieu des basses terres et se termine brusquement ainsi que le ferait un ouvrage gigantesque sorti de la main des hommes. Si, aux épo- ques anté-historiques, la plaine fut couverte par les eaux, ainsi que l'indiquent la coupe et la pente des terres au pied des mon- tagnes , les peuples sauvages qui habitaient les crêtes élevées , durent descendre le long de cette croupe uniforme et boisée, et s'avancer au milieu des flots jusqu'à la pointe extrême de la colline, qui leur servit alors de port pour leurs nacelles d'osier, de point d'observation pour leurs chefs et de poste avancé pour leurs guerriers. Lorsque le Rhône et la rivière d'Ain se furent creusé un lit profond, le lue se dessécha, la plaine privée de terre végétale et couverte de cailloux, laissa pousser, comme à regret, une herbe fine et courte ; et ces steppes désolés virent errer dans leurs maigres pâturages, les troupeaux envoyés par les riches villages qui couvraient les hauteurs.