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ÉTUDES LITTÉfiAIRliS CONTEMPORAINES. 38!) ques mots la légende du trouvère normand et M. de la Vil- lemarquè accumule avec une rare sagacité les preuves qui établissent incontestablement que l'auteur de ce roman ne s'est fait que l'écho fidèle des traditions populaires de la Cam- brie et de l'Armorique. Je ne puis m'appesanlir sur ce long et intéressant plaidoyer et cependant il est curieux de suivre la transformation et le succès qu'à obtenus au moyen-âge ce fantastique souverain dont tout le monde parlait, qu'on citait à tous propos, aux conversations du foyer, dans la salle haute du seigneur, près du berceau de l'enfant, dans la cabane du pauvre, que parfois le forestier ou l'Oullaw croyait recontrer dans les bois , dont on chantait les prouesses en pleine église el dont le souvenir existe encore dans les villages bretons, où les enfants jouent, autour d'une grosse pierre ronde, au jeu du roi Arthur. « Parmi les ruines du monastère de Glastombury, en Angleterre, croît, au bord d'une fontaine, un buisson d'aubépine qui fleurit en toute saison. Cet arbuste , qui a pu partager avec le chêne el le bouleau les honneurs sacrés chez les Bretons païens fui planté, dit-on, par les druides. Lorsque leur culte eut été détruit et que la foi nouvelle se fut emparée de leur sanctuaire le bruit se répandit qu'autrefois un apôtre arrivant d'un pays lointain pour convertir l'île de Bretagne, avait pris possession de la terre en y plantant son bûton de voyage, qui, â l'instant môme, s'ôlail couvert de fleurs. La foi de l'apôtre a passé dans ce lieu, hélas! comme le culte des druides, et l'aubépine fleurit toujours. C'est l'image de la destinée qu'a subie la légende d'Arthur. Les bardes qui chantaient en lui le dieu des combats ne sont plus; les trouvères qui en firent depuis l'idéal du roi-chevalier, ont eu le même sort, et pourtant elle brille encore sur les ruines des siècles, !a fleur de poésie éclosc au souvenir du héros breton,