page suivante »
ÉTUDES LITTÉRAIRES CONTEMPORAINES. 385 Carlo de Viaiis mandait d'Arona au duc de Milan que Charles avait fait vœu de ne pas se couper la barbe avant de s'ôlre vengé : vainement Panigarola cherchait, par ordre de son maître, à le calmer, à lui montrer à quel danger il s'expose- rait inutilement en risquant une nouvelle bataille sans avoir pris toutes les précautions. Le duc écoutait médiocrement ces représentations et il est curieux de lire, dans la dépêche de l'ambassadeur, les termes de ces discussions. Le duc voulait, avant tout, écraser les Suisses, mais il voulait aussi se débar- rasser d'eux pour s'attaquer ensuite à Louis XI, le pour- suivre à outrance, le rejeter dans Paris et « dominer à sa barbe sur la Savoie; » telles étaient les raisons qui le déci- daient réellement à jouer son va-lout dans une seule cam- pagne. Les événements marchaient cependant et les Bourguignons campèrent à Morat dès le commencement du mois de juin ; ce fut Antoni d'Appiano qui, de Gex, écrivit au duc de Milan la nouvelle de la défaite complète ; quelques jours après, le Duc venait rejoindre dans celle ville la duchesse de Savoie ; quant à Panigarola, il avait eu à prendre soin de sa personne au lieu de libeller des dépêches. Charles-le- Téméraire n'était pas homme à demeurer longtemps inactif; il se retira à Salins et s'y occupa de la reconstitution de son armée qu'il voulait porter a 150,000 hommes. Panigarola rendu à ses occupations ordinaires, nous donne à cet égard de précieux détails, notamment sur les Etats réunis à Salins et auxquels le duc explique lui-même sa conduite et ses besoins, en leur disant que ses sujets devaient imiter les Romains qui se dépouillaient de tout leur or et leur argent, en ne gardant qu'une seule bague; il obtint ce qu'il voulut el déploya dès lors une prodigieuse activité. Le reste de l'année se passa dans ces préparatifs qui de- vaient aboutir à une expédition formidable contre les Suisses 2a