page suivante »
A MON MARI. Les martyrs souriants avec leur palme verte, Leur tunique de pourpre et leur manteau d'argent, M'attiraut sur leur sein, à ma lèvre entr'ouvertc Versaient des grands combats le nectar enivrant. Les vierges m'essayaient leurs couronnes de roses , Aux genoux des docteurs j'écoutais leurs discours ; Et parfois d'Israël les bardes grandioses Me laissaient effleurer la harpe des vieux jours. Mon âme ainsi croissait et je fus jeune fille. Alors arrhe d'amour, de force, de grandeur, Le Christ posa sa croix sur mon humble famille, Clouant ma sainte mère au gibet de douleur. Et j'ai bu dans mon cœur ses vingt ans d'agonie ! Grâce te soit rendue, ô Dieu du Golgotha ! Cette amère liqueur fut pour moi le génie Et par elle l'amour sous ton joug me dompta. Je la pris en mes bras cette croix de ma mère, Aidant à la porter jusqu'au seuil du tombeau ; Je sus m'habitucr à son contact sévère Et bientôt la chérir comme un divin fardeau. Et tel fut son attrait qu'en vain sur nos collines, Se sont levés des jours plus doux et plus riants , Mon front se plaît toujours à la tresse d'épine Qui pare pour le ciel les élus triomphants. Adèle GENTON.