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i84 ÉLOGE DU DOCTEUR AMÉDÉE BONNET. C'est qu'avant d'être un esprit supérieur, il veut être, et il est un homme excellent, un père de famille accompli. Si sa philosophie ne s'élève pas au delà des régions exploitées, elle en possède le calme rafraîchissant et nous donne en salutaires conseils ce qui lui manque peut-être en audacieuses aspira- tions. Après avoir insisté sur la nécessité, pour la médecine, de connaître ces langues « non mortes, mais immortelles, » il s'inquiète du coup porté par le décret a l'étude des lettres en général, étude en dehors de laquelle on ne peut former que des savants incomplets. Il s'alarme à la pensée que le législateur arrache au maître le plus noble moyen d'action sur ses élèves , en tarissant la source de l'enthousiasme qu'allume dans de jeunes cœurs un langage élevé, consacré au récit des plus nobles actions, et à l'expression des plus sublimes idées. Il évoque devant vous l'antiquité si admira- ble même dans ses erreurs, le christianisme et ses pères éloquents, le moyen-âge usant ses genoux sur la pierre et plus utilement ses yeux sur le parchemin des vieux manus- crits, des légendes et des chroniques. Il proteste , au nom de tant de vertus et de labeurs, contre l'abaissement moral et l'ignorance que l'on vient de décréter... Sa voix a été en- tendue, Messieurs, et la jeune génération médicale n'oubliera pas qu'il contribua par sa courageuse opposition a la ruine d'un programme, dont le joug n'aurait été secoué que par un amour passionné de l'étude, et au rapport d'un décret que le feu sacré de la science aurait seul osé enfreindre. Dans son mémoire qui traite de l'Influence des lettres et des sciences sur l'éducation, applicant à l'éducation en gé- néral l'influence comparée des lettres et des sciences qu'il avait jusqu'ici étudiées seulement dans leurs rapports avec l'éducation du médecin, M. Bonnet en présente le parallèle au triple point de vue du vrai, du bien et du beau. Il'rend un éclatant hommage a la science, et surtout a la science