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ÉLOGE DU DOCTEUR AMEDÉE BONNET. 181 sa nomination, au lieu de songer d'abord a se reposer de ses fatigues, il se livra avec un zèle étonnant à l'enseignement clinique de la chirurgie. Enfin irîstallé dans ses fonctions de chirurgien en chef, il entra en possession de la chaire qui a cette époque était attachée a ce titre, et peu de temps après, lorsque notre école de médecine devint une institution com- plètement universitaire , il fut confirmé et nommé à vie , comme les autres professeurs ; heureuse circonstance qui, en lui conservant un service de malades a l'Hôtel-Dieu, lui a permis de continuer des travaux pour lesquels il n'aurait trouvé dans sa pratique privée que des ressources infé- rieures. Le professorat qu'il exerça pendant vingt années vulgarisa ses idées et accrut sa réputation. Il y apporta une ardeur passionnée, une assiduité irréprochable ; il chercha par tous les moyens , el réussit surtout par l'exemple de sa propre activité, a exciter l'intérêt des élèves. Animé de ce feu sacré qui ne l'abandonna pas un seul instant, il le com- muniquait a tout ce qui l'approchait. Il faisait le mouvement, la vie autour de lui, et en entrant dans cette atmosphère de travail, dont il était le foyer, les jeunes générations se sen- taientpénétrées d'une salutaire influence. Riche de son propre fonds, il enseigna moins les notions courantes de la science que ses-idées personnelles, Il dirigeait ses recherches sur tant de points, il avait tant de vues originales sur une foule de questions-, enfin il avait découvert tant de choses, que son enseignement avait, au plus haut degré, l'attrait piquant du nouveau et de l'inconnu. Aussi voyait-on, dans son au- ditoire, les élèves les plus avancés et beaucoup de docteurs, se presser sur les mêmes bancs que les jeunes gens qui débutaient dans l'étude de la médecine. Instructives pour tous, ses leçons initiaient le commençant à l'art d'observer, en même temps qu'elles ouvraient au médecin déjà mûr les