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126 CONSIDÉRATIONS ARCHÉOLOGIQUES Les églises et les monastères construits pour ces moines durent naturellement alors être une protestation contre le luxe des autres établissements religieux. Ces monuments furent en effet élevés sur un plan particulier et ils se distin- guèrent par une grande simplicité, quelquefois même par un manque complet d'ornementation. Les églises, dépourvues de triforium et de sculptures, n'eurent ni clocher féodal, ni transept, ni chapelles rayonnantes ; souvent même elles ne furent pas voûtées. L'église de Saint-Bonaventure a des voûtes à croisées d'ogive, mais les piliers qui séparent ses trois nefs sont flanqués de maigres pilastres a angles abat- tus, les chapiteaux sont petits et simplement épannelés, les archivoltes des arcs de communication sont sans moulures, enfin aucun ornement ne vient cacher la nudité du mur entre ces arcs et les baies supérieures. C'est donc bien une église de Frères-mineurs dont on aurait dû respecter la sim- plicité caractéristique. Je regrette, je l'avoue, qu'on ait cru devoir garnir ses fenêtres de riches vitraux ; je regrette sur- tout que l'on entreprenne en ce moment de changer sa façade, œuvre de la dernière période ogivale, dont l'ornementation sobre, mais convenable, s'alliait bien avec le peu de luxe ar- chitectural de l'intérieur. Nous voici arrivés à la période de profonde décadence du style ogival. L'admirable architecture gothique, née sous le règne de Philippe-Auguste, arrivée sous saint Louis à sa plus haute perfection, devait commencer à décliner vers la fin du XIIIe siècle, pour perdre entièrement, au XVe, son puissant caractère. 11 faut dire que le XIIIe siècle avait laissé peu de choses à faire a l'architecture religieuse : les grandes cathédrales étaient bâties, les formes générales étaient trouvées, et les règles de construction, désormais fixées d'une manière inva- riable, renfermaient, dans un cercle impossible à franchir, le