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SUR LES ÉGLÃŽSB.S DE LÃON. 127 génie des architectes, qui, dès lors, pour satisfaire son besoin de nouveauté, fut entraîné à appliquer a l'ornementation ce désir de créer, cette sève qu'il ne pouvait dépenser ailleurs. De là cette banalité, cette absence du cachet individuel qui caractérise les édifices types de notre art ogival ; de là cette recherche perpétuelle des petits effets aux dépens des grands ; de l'a le profond abaissement de notre architecture pendant les XIVe et XV» siècles. Dans la dernière période ogivale, la profusion des détails en est arrivée à étouffer entièrement les dispositions de l'en- semble. Les formes prismatiques et anguleuses dominant partout, couvrant les nus des murs de meneaux aveugles, les voûtes de nervures compliquées, donnent aux membres d'architecture un air de maigreur et une grande sécheresse de trait. La vraie grandeur se perd, et l'Å“il fatigué par l'abus des moulures et des décorations, dont il cherche à se rendre compte, n'éprouve plus cette admiration calme que ne peut manquer d'inspirer l'aspecf des grands édifices des siècles précédents. Nous possédons cependant à Lyon, Messieurs, un monu- ment de la dernière période ogivale dont on doit constater la valeur artistique. Commencée à la fin du XIVe siècle, l'église de Saint-Nizier se'continua lentement et ne fut achevée que dans les premières années du XVIe. Elle se compose de trois nefs divisées en six travées, de transsepts étroits et d'un chÅ“ur sans déambulatoire, selon l'usage du pays, flanqué de deux chapelles. Il est facile de voir que le premier étage des parties orientales est plus ancien que le reste ; les piles de la nef, flanquées de colonnes engagées, ont encore des chapi- teaux de feuillages ; mais les parties supérieures sont orne- mentées dans le style lourd de la décadence, et je dois dire que le peu d'ensemble qui existe entre la décoration des di- verses parties nuit singulièrement à l'effet général. Je me