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 100               RAPPORT DE M. t.   MORl«.

ces tableaux désolants qui feraient douter de la Providence,
on peut en placer d'autres qui montrent comment le bonheur
peut se rencontrer dans la pureté de la conscience avec la
pauvreté et le travail. Je me permets d'esquisser ici un de
ces portraits dont certainement chacun de nous connaît plus
d'un modèle :
                    « LA JEUNE OUVRIÈRE.

    « Elle était comme le lis des champs que Dieu a pris
 soin de parer. Sa gracieuse jeunesse rayonnait d'une
 beauté qu'elle ignorait, cachée a ses propres yeux par
 la naïve simplicité de son cœur. C'était la pureté phy-
sique et morale, le type de la fille chrétienne formé sur
le modèle de la vierge Marie. La sympathie qu'elle répan-
 dait autour d'elle était empreinte de ce respect qu'inspire la
véritable vertu , et elle éloignait jusqu'aux tentatives de la
 séduction.
    « Sa sensibilité exquise avait trouvé deux voies : l'amour
filial pour sa mère, veuve et infirme, et l'amour de Dieu.
Ainsi fixée, elle ne s'égarait pas dans ces vagues rêveries
de l'adolescence, qui sont les promenades de l'imagination
poussée par les secrets instincts des sens. L'activité de son
âme était suffisamment satisfaite ; elle avait un autre frein :
un travail assidu, incessant, dont les produits servaient à son
existence et aux soins dont elle entourait sa mère. C'était
bien peu de chose que le salaire de ce travail qui se pro-
longeait de la lampe du malin a celle du soir ; mais les be-
soins des deux femmes étaient contenus dans les limites du
strict nécessaire, et il faut si peu pour entretenir le léger
souffle de la vie physique.
   « La jeune ouvrière marchait dans la route droite du de-
voir, sans roman de l'esprit, sans folles aspirations du cœur.
Elle se trouvait heureuse de son présent, se confiant en la