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                      RAPPORT DE M. j> MOR1H,                           99

ces créatures, toujours divines malgré leur abrutissement,
qui se tuent sous les -atteintes de la fatigue et de la misère.
   A ce point de vue de certaines branches du travail agri-
cole, exploitées par la femme , utilement et sans dommage
pour la conservation de sa vie, joignons, comme le demande
le mémoire n° 1 (1), la dissémination des ateliers industriels
dans les campagnes. Alors naîtrait un résultat qui-serait, en
partie au moins, la solution du menaçant tableau de l'accu-
mulation -des populations dans les villes. La même famille
contiendrait le laboureur et l'ouvrier, vivant du salaire des
deux sources et par cela même du travail des deux sexes,
suppléant aux ressources qui manqueraient momentanément
d'un côté par les produits qui viendraient de l'autre. L'ai-
sance régnerait dans les champs et y retiendrait la jeunesse
des deux sexes que la faim pousse au sein des villes pour
y chercher une existence précaire et aventureuse.
    Un grand nombre de nos mémoires suivent le n° 15 dans
sa voie de tableaux exagérés des misères de la femme, mais
ne rachètent pas ce défaut par les qualités saillantes que j'ai
signalées. J'ai déjà dit qu'il fallait pardonner même l'excès de
la plainte a ceux qui souffrent et surtout à ceux qui voient
 souffrir. Le mal est dans le monde et nous devons tout faire
pour l'atténuer et l'adoucir, s'il n'est pas possible de le faire
 disparaître en nous et autour de nous. « 11 est beau et bon
 « de se résigner pour son compte, mais non pour le compte
 « d'autrui (2). »
    Cependant, il n'y a pas que du mal dans la société hu-
 maine. Un large milieu existe entre ces deux alternatives
 trop absolument posées : misère ou prostitution. A côté de

   (1) Epigraphe: Jamais une femme ne pleure que je n'aie le cœur serré.
Elles sont toutes, hélas ! si malheureuses par les lois et par les hommes !
( BEAUMARCHAIS   ).

  (2) Phrase emprunl.ee au n° 13