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AU MOYEN-AGE. 33 mendier, ils s'appliqueront à louer le Seigneur, et prieront pour les rois, les princes et l'univers entier. Car la prière du pauvre honnête et vertueux va toujours particulièrement au cœur de Dieu. Cette liste, ce réfectoire commun des pauvres démontrent victorieusement que TEglise savait faire l'aumône avec intel- ligence, s'appliquant à connaître les besoins de chacun. Ce n'est pas assez, elle voulait que ses charités fussent un moyen démoralisation, un encouragement au bien, et parmi les pauvres ainsi assistés, elle choisissait les plus vertueux pour leur confier une sorte de vigilance sur les autres. Elle com- mettait a d'autres quelques soins utiles, tels que ceux de sonner les cloches, de veiller a la garde des églises, de les balayer, d'enlever les toiles d'araignées etc., etc. C'est ainsi qu'ils se montraient reconnaissants du bien que l'Eglise leur faisait. Nos marguilliers et sonneurs ont remplacé les pauvres de l'Eglise; les premiers en ont même emprunté le nom; Marguilliers vient de Matricularius. « Partout, dit M. Guérard (1), la part du pauvre était « réservée dans les revenus ecclésiastiques, et lorsqu'elle ne « suffisait pas, elle devait être accrue des autres fonds dont « le clergé avait la disposition. Nourrir tous les indigents et « secourir tous les malheureux, telle était la mission de « l'Église qui, pour la remplir, dut quelquefois se dépouiller « de ses biens, et mettre en gage jusqu'aux objets les plus « précieux du culte. » Je ne puis résister au plaisir de citer ici un fait émanant de la plus haute autorité dans l'Église. Il est l'objet de la lettre XLIV du livre I. du pape saint Grégoire-le-Grand. Ce pontife adresse gu sous-diacre Pierre, le fils d'un très-digne homme nommé Godescald, pour qu'il lui donne rang parmi les assistés de l'Église. Il a perdu la vue et il est pauvre. C'est pourquoi le (1) Cartulaire de N. D. Préface: p. 41.