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3<> EMPLOI DES B I E N S ECCLÉSIASTIQUES
pontife enjoint a Pierre de lui donner chaque année vingt-quatre
boisseaux de froment et douze de fèves ; vingt décimâtes de
vin pour soutenir le poids de la vie. Le tout sera imputé sur
ses comptes. 11 ne faut pas que le malheureux éprouve le
moindre retard. Quant a Pierre, il aura part a tout le bien qui
se fera. Je ne fais ici que résumer textuellement les volontés
du pontife. Le bibliothécaire Anastase nous apprend que le
décimate de vin valait 60 livres : per tmam quamque deci-
malam libras sexagenla {{).
L'Église de Mâcon, dans tous les temps, fut fidèle à marcher
dans des voies si chrétiennes, à honorer et assister ses
pauvres. Il devait y avoir naturellement une charitable
émulation entre elle et le grand monastère de Cluny. Sans
recueillir ici tous les textes qui remplissent notre cartulaire,
qu'il nous suffise de citer le jugement énergique du premier
concile de Mâcon qui déclare « ceux qui refuseraient les
« oblations dues à l'occasion des funérailles, non-seulement
« détenteurs des biens de l'église, mais meurtriers des
« pauvres : velnti détenions Ecclesiœ, et necatores egenlium. »
On a exagéré beaucoup l'infidélité des Églises particulières
à leur sublime mission de charité, surtout dans les derniers
temps. On n'a pas assez tenu compte des malheurs des guerres
religieuses et de l'appauvrissement de bien des Églises; on
s'en prend trop a l'Église des abus produits par les bénéfices
en commande sur lesquels le pouvoir séculier avait mis la
main. Et malgré tout, on pourrait habituellement appliquer
au clergé séculier ce que disait un paysan des moines de
Cluny. Au mois d'août 1832, jouissant des premiers jours de
vacances, je me promenais un matin, en lisant, sous les
saules qui bordaient la Saône du côté de la Bresse et au sud
du Pont. L'ile boisée qui existait là à cette époque, me déro-
bait aux regards de quelques robustes mariniers qui suivaient
(il Apmt Anaslasicuni in Hatlriano.