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26 ANTIQUITÉS DE CHALON. temps gémi, usa de représailles, en déclarant une guerre terrible à tous les objets qui rappelaient le culte païen. Ces restes mutilés et la manière dont ils ont été enfouis, prouvent qu'à Chalon comme ailleurs , on exécuta à la lettre les arrêts de proscription lancés par les empereurs contre toute espèce d'édifices consacrés aux faux-dieux. Dirai-je un mot des objets d'art trouvés au milieu de ces décombres ? La statue d'Hercule, d'une vue d'ensemble assez belle, rappelle, par l'exécution médiocre des détails, une époque de l'art voisine de la décadence. Les deux statues funéraires, homme et femme, sont d'une assez belle exécution. La tête de la femme surtout, dont la bonne conser- vation permet d'apprécier tout le mérite, est d'un beau galbe et largement sculptée ; elle rappelle dans tout son en- semble les beaux modèles de l'art romain. Mais l'objet d'art le plus intéressant, mis au jour par ces fouilles est, sans con- tredit, la statue de Mercure. Elle était, comme les autres, noyée dans le mortier et placée sur un lit de pierres sèches. Si elle n'a pas les formes légères et dégagées du Mercure de Lyon, elle est remarquable, cependant, par la vigueur de ses membres, sa pose grave et forte, el par le bouc sur lequel s'appuie le Dieu. Les statues de Mercure qne nous a fournies l'antiquité, sont nombreuses, mais les statues avec l'attribut du bouc, sont relativement très-rares et ont été presque toutes trouvées en Bourgogne. A Chalon et dans les environs, le culte de Mercure était très-répandu, et je ne doute pas que la parole de César : Galli deum maxime Mercurium colunt, ne lui ait été inspirée, surtout par le grand nombre de statues de Mercure, qu'il a trouvées dans les con- trées qui avoisinent la Saône. Mais ce que le vainqueur des Gaules a négligé de dire, c'est ce que signifie ce bouc qu'^ en Bourgogne, a sa place marquée dans toutes les statues du Dieu. De nombreuses interprétations se sont produites.