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17(i ALLOCUTION DU l'RÉSIDUNT. C'est ce suave enseignement qui doit retentir dans les chaires des Académies, et dans leurs tribunes qui sont aussi des chaires. Il faut que leur éloquence reste tout ensemble philoso- phique par la pensée, académique par la forme ; ces deux titres sont inséparables et je lui donne indifféremment ces deux noms ; c'est toujours la raison ornée, invariablement fidèle a sa double mission, d'enseigner et de plaire, gardant toujours cette délicate mesure de sentiment, de pensée, de langage qui rappelle le style tempéré des anciens, admi- rable mélange de simplicité, d'élégance et de sagesse. Pour atteindre un tel modèle, elle emprunte quelques traits a tous les genres d'éloquence : a la chaire sa gravité calme et sereine, au barreau sa nerveuse parole et son in- flexible logique , à la tribune ses mouvements sans ses écarts, ses ardeurs sans ses passions. Elle ne fait après tout que reprendre son bien en puisant librement a ces brillants foyers. Le sanctuaire des lettres n'est-il pas le point de départ de toutes les lumières, le rendez-vous de toutes les grandes vies, la suprême ambi- tion de tous les princes de la parole? Et chacun garde en y entrant l'accent dont sa parole a retenti dans le monde. L'aigle quitte-t-il son vol ou le cygne ses harmonies, en se posant sur l'autel des Muses? Ne sent-on pas en les écoutant que le style c'est l'homme , suivant le discours immortel de Buffon, qui est resté comme un modèle achevé de tous les styles et comme le plus beau monument du style académique en particulier? Ainsi, toutes les gloires viennent demander leur dernière consécration aux lettres et leur consacrent en retour leurs dernières paroles,... et ces paroles ontl'autorité etl'harmonie de suprêmes accents. Ge ne sont pas de hâtives ou impar-