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ttttrolQgtf. DAVID, Rédacteur du Salut-Public. Les lettres lyonnaises ont eu à enregistrer, ce mois-ci, une perte très-sensible et tout à fait inattendue. M. François-Joseph David, rédacteur du Salut Public, est mort le 10 mai à Belleville (Rhône), où il était allé prendre quelques jours de repos. Bien que M. David n'ait jamais collaboré à la Revue du Lyon- nais, elle ne doit pas moins se porter l'interprète des regrets universels que cette mort a excités. Né à Lyon le 1 er août 1819, et fils d'un honorable médecin, David fit ses études au collège de notre ville, sans y remporter, il est vrai, de ces succès qui décident d'une carrière , mais déjà , quoique au second rang, visiblement enclin aux choses littéraires. Ses études ache- vées, il alla à Paris pour y suivre son cours de droit, emportant comme de juste dans sa valise, en écolier bien appris, une tragé- die en cinq actes et en vers : Les Enfants de Clodomir. Au bout de quatre ans il revint à Lyon où il entra dans une étude d'avoué. Mais Paris n'était point oublié : il y retourne bientôt, et cette fois il prend pied dans la presse et débute au Corsaire-Satan par un roman intitulé : Voyage politique, littéraire et philosophique d'un étudiant autour de sa chambre. Rappelé de nouveau dans sa fa- mille, le voilà encore enrôlé dans la bazoche, exact, rangé, labo- rieux par naturel, fidèle à sa profession, comme un Lyonnais de vieille souche, mais pourtant toujours aux écoutes, comme s'il eût attendu l'heure de la délivrance. Déjà il s'est glissé au Moniteur judiciaire pour y tenir le feuilleton, et bientôt après, à la faveur du déclassement général de 1848 , il vient partager la rédaction du Salut Public avec M. Bigot, son ancien camarade. Attaché depuis cette époque à ce journal, il y est resté chargé de la partie des théâtres et de tout ce qui touche à la chronique locale. On ne saurait se faire une idée du soin qu'il apportait à ce labeur ingrat et plus difficile qu'on ne pense. Raconter dans un style clair, correct, spirituel, et en courant, ces mille faits di- vers toujours semblables, ces mille riens qui défrayent chaque jour la curiosité de la majorité des lecteurs, c'était pour lui une grosse besogne ; il mettait à la bien remplir un amour-propre des plus louables, et on peut le dire sans humilier personne, dans ce métier, assez semblable à celui du lapidaire sur pierres fausses, David était passé maître. Son plus grand plaisir était ensuite de relire ses chroniques reproduites dans les journaux des départe-