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-i8"2              ADORATION AU PIED DES ALPES.
Et quand l'aube étincelle en gerbes sur vos fronts,
Et quand l'astre couchant, aux ombres sans mesure,
Oppose l'or, la pourpre, en étrange figure,
C'est la face de Dieu qui vous touche, ô vieux monts !

L'homme est anéanti devant de tels spectacles,
L'homme, fourmi perdue au creux de sa prison '.
Qu'offrira-t-il au ciel qui vaille ces miracles ?
Atome intelligent, son cœur et sa raison.

Oui, j'ai dans mon esprit de plus vastes empreintes ;
Alpes, mon cœur contient plus que vous de hauteur:
En vain vous m'écrasez, j'ai de plus nobles craintes,
Je ne salue en vous que votre Créateur !

Montagnes, refermez sous mes pieds vos abîmes,
Abaissez vos sommets, vous êtes moins que moi !
Je puis planer sur vous, je dépasse vos cîmes,
Je vais plus haut que l'aigle et je suis votre Roi.

Mais à vous, Dieu des monts, j'offre, l'âme oppressée,
Cet hymne des six jours toujours se prolongeant ;
Et si pour vous louer je perds voix et pensée,
Que votre œuvre y suffise, artiste au bras géant '

Si vos mains ont dressé ce temple de la terre,
Ce portique d'un jour pour l'homme épouvanté,
Que sera donc le ciel, éternel sanctuaire,
Que vous avez construit avec l'immensité !
                                        Albert Civ.vc,

 Bcllcvue, 1856.