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             ÉTUDE SUR LA LANGUE DES HÉBREUX.                  397
 consonnes ; et le procédé particulier de ces langues qui expriment
le fond de l'idée par les consonnes, et les modifications acces-
soires de l'idée par les voyelles. Nos langues indo-européennes
ont des radicaux absolus, à sons fixes, et présentant par eux-
mêmes une signification précise et complète. Les sémites au con-
traire ont conçu une sorte de racine imprononçable, attachée à
trois articulations vagues et muettes, lesquelles représentent les
idées mères à un état abstrait et indéterminé. Le choix seul des
voyelles qu'on y applique arrête le sens et fixe la prononciation.
De là, au moyen de permutations indéfinies entre ces voyelles,
et à l'aide de quelques lettres serviles qui s'y adjoignent, il se
forme autour de ces radicaux comme des générations nombreuses
de mots dérivés et de significations secondaires. Cet édifice
grammatical, d'une construction architecturale et géométrique ,
présente une imposante régularité. Mais les ressources de l'or-
nementation ne peuvent s'y déployer. Toutes les flexions, tous
les mouvements s'accomplissant dans l'intérieur même des mots
et dans le corps des radicaux, frappent d'immobilité les extré-
mités des termes qui ne sont plus susceptibles de cette riche
variété des déclinaisons, des conjugaisons, des flexions sans
nombre, que l'on rencontre dans les grammaires gréco-latines.
   A tous ces points de vue , il n'est pas possible de nier la pau-
vreté matérielle de la langue hébraïque. Son vocabulaire, du
moins dans l'état d'imperfection où la langue nous est parvenue,
 ne s'élève guère au-delà de cinq à six cents racines fondamen-
tales ; deux temps, deux modes dans les verbes et sept formes
différentes , mais rarement usitées en totalité , puis quel-
ques règles syntactiques pour ordonner les mots , c'est à
peine de quoi pourvoir aux nécessités les plus impérieuses
de la pensée. — Il est surtout une famille de mots, dont
le besoin se fait vivement sentir dans la langue hébraïque : ceux
que les grammairiens appellent adverbes, prépositions, con-
jonctions , toutes les particules relatives qui enchaînent et su-
bordonnent les différents membres de la phrase et soutiennent
la trame du discours. Ces termes barbares , pour lesquels,
je vous demande grâce , jouent un rôle important dans