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396          ÉTUDE SDR LA LANGUE DES HÉBREUX.
qui affecte un certain nombre de leurs consonnes. Saint Jérôme
avoue que ce n'était pas sans peine qu'il tirait de sa poitrine les
sons stridents de la langue hébraïque et ses aspirations haletantes.
Stridentia et anhelantia verba meditabatur (Ep. 4, ad RufT.)
   Le nom par exemple d'Annibal, qui signifie , en phénicien et
en hébreu, don de Dieu ou Dieudonné , se prononçait Hhannibal
par une aspiration profondément gutturale ; et l'ancien latin, les
vieilles inscriptions l'écrivent avec un H , pour attester de leur
mieux la présence de ce son. Cette prononciation robuste et
pleine s'est affaiblie graduellement dans la bouche des peuples
modernes, qui s'ouvre à peine et dévore toutes les articulations
vives. Cicéron avait déjà fait cette remarque pour la langue latine.
Le G ne parut chez les Romains qu'après la première guerre puni-
que pour adoucir le son dur du C ; sur la colonne rostrale, élevée
à Duillius, on lisait encore cocnatos, cocnantes. Plus tard, on
prononça cognatos, cognantes, et enfin, en effaçant à demi le G
cognatos, cognantes comme en français : cognée. Les femmes ro-
maines allèrent plus loin. A ce son, déjà presque effacé du G ,
elles substituèrent le son plus doux encore du Z : elles dirent fi-
zere oscula, fizere vulnera, au lieu de figere oscula, figere vulnera.
Et de la bouche des dames romaines, cette lettre Z passa, dit-on,
dans l'alphabet, après avoir ainsi accompli quatre stations dans
son voyage du fond du gosier aux extrémités de l'organe vocal.
Quintilien trouve ce caractère plein de mollesse et de suavité :
Mollissimum atque suavissimum. Je ne sais si c'est pour obéir à
cette loi de suavité et d'harmonie que nous avons usé toutes les as-
pérités des modulations antiques ; ce qu'il y a de certain, c'est que
nous avons assoupli nos organes français, au point de ne plus tou-
 cher nos lettres que du bout des lèvres, et que, semblables à des
monnaies fatiguées par un long usage, ces rudes articulations qui
nous sont venues du fond de la Chaldée ont perdu aujourd'hui
 toute empreinte et ont effacé leur primitive effigie.
    Guillaume de Humbold, avec cette profonde sagacité qu'il a
 portée dans toutes ses analyses, a distingué deux caractères fon-
 damentaux dans le système grammatical des langues sémitiques :
 la composition des racines qui sont trilittères ou formées de trois