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DE GRIMOD DE LA REYN1ÈUE. 257 ce pays la. M. Aze n'a donné que très modérément dans la révo- lution. 11 etoit, il est vrai, un des vainqueurs de la Bastille, mais il n'a tué personne ; et il n'a même usé du crédit dont il jouit dans son quartier que pour faire nommer d'autres person- nes aux places que sa modestie a dédaignées. Il peut dire aussi .- j'ai fait des souverains et n'ai pas voulu l'être. Vous conviendrez que c'est la un beau rôle, quand le savetier du coin avec un peu d'intrigue peut s'asseoir sur le thrône de la Republique. Je ne sais si vous vous souvenez de ce brave M. Àze, mais lui ne vous a point oublié, je crois qu'il vous a vendu quelques petits meu- bles lorsque vous étiez à Ste Croix (I), temps heureux, ou cette maison bien composée reunissoit une société très agréable, dont on pouvoit jouir à peu de frais sans sortir de chez soi. Vous ne vous doutiez pas alors que vous verriez sous le même toit deux souverains , M toujours Adèle au coté droit dans les Etats Généraux et M. le baron de Clootz , un des plus féroces .avocats du coté gauche à la Convention. Si je vous avois dit alors que de deux commensaux de votre logis, l'un soutiendrait le thrône, l'autre le renverserait, je vous aurois à coup sur paru un extravagant. C'est cependant ce qui est arrivé, tant il est vrai qu'il ne faut jurer de rien , ni dire , fontaine je ue boirai pas de ton eau. Le baron de Clootz etoit alors ce qu'il est encore au- jourd'hui une espèce de fou , mais de fou assez spirituel et fort vif. Il avoit des lors toutes les idées irreligieuses et j'avoue qu'il m'a souvent révolté par son athéisme et que je ne lui ai point dissimulé. Il possedoit supérieurement ces matières et avoit fait une étude particulière de toutes les Il passoit pour un espion du roi de Prusse, mais il paroit que c'etoit sans fondement. Du moins , a t'il bien depuis changé de parti. M. G. en etoit fort enthousiasmé et lui a plus d'une fois servi de complaisant et même de Proxénète. Il y a la dessus une histoire qu'il vous aura sans doute conté ainsi qu'amoi et qui prouve qu'il portoit la déférence fort loin avec le baron prussien- (1) Maison de Stc Croix de la Brctonncric , nie des Billetcs. C'éïait une pension pour les jeunes gens , lenue par les chanoines de ee nom, 17