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248                     LETTRES INÉDITES
pondant qui est bon tachygraphe nous lit courrament sans
avoir besoin de vous traduire auparavent. J'emploierai mes
loisirs à Paris à apprendre cette méthode sur laquelle il y a
déjà de bons ouvrages et dont l'inventeur, M. Coulon. donne
des leçons publiques et particulières. Cet art nous vient je crois
des Anglois, au moins il étoit en usage dans le parlement
d'Angleterre, où l'on fixe ainsi avec la plume, la langue la plus
volubile des orateurs. Des notre première assemblée nationale
on a pratiqué ce moyen pour avoir un tableau fidèle de tout ce
qui se disoit, et le journal dit Logographe n'etoit autre chose
que la copie imprimée du manuscrit tachygraphique écrit en
quelque sorte sous la dictée de l'assemblée. Ce journal n'a je
crois subsisté que jusqu'au mois d'octobre 1792. Cela est d'autant
plus fâcheux que c'etoit le sfiul moyen d'avoir le tableau le plus
fidèle de l'esprit, de la pensée et des faits et gestes de nos lé-
gislateurs. C'est probablement aussi ce qui l'a fait supprimer ;
on n'aime point des portraits si ressemblants, ni que la postérité
conserve ainsi jusqu'à nos moindres paroles. Le Moniteur n'est
pas à beaucoup près aussi exact. Il rapporte il est vrai souvent
les propres mots des orateurs (plus souvent encore l'extrait de
leurs discours), mais outre qu'à cet égard, il n'est pas même
exact ; il passe légèrement sur les débats scandaleux, les inju-
res, les personalitcs, les voyes de fait même, si communes dans
ce temple de souverains. Et c'est ce qu'on est le plus curieux
d'apprendre et ce qui seul peut faire juger les acteurs qui dans
le moment de la passion se laissent voir à nud.
    J'ignorois qu'il fut question de l'abbé Uozier dans le nouveau
voyage de M. Young ; j'ai vu cet ouvrage annoncé et traité même
assez favorablement dans le Mercure, et j'en ai pris note pour
 le faire venir de Paris avec mon second envoi de livres, car c'est
 la seule espèce de marchandise qui n'ait pas augmenté dans la
proportion des autres et même beaucoup sont restés à leurs an-
 ciens prix. J'avoue que je n'estime cet abbé Rozier ni comme
particulier ni comme écrivain, et je crois que comme agriculteur
 il y auroit encore en lui bien des choses à reprendre, car c'est un
 art mieux connu des paysans que des journalistes. Il ne lui reste