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L. BUTAVAND. 40? seule force de sa volonté, en dépit de tant d'obstacles, et qui, forcé par le besoin de recourir contre ses goûts à des travaux obscurs, accomplit courageusement celle tâche décourageante pour tout autre, en vue d'un affranchissement futur promis à sa persévérance. En 1831, Butavand put réaliser son projet, arrêté depuis plusieurs années, d'aller à Paris. Il eut le bonheur de trouver un digne compagnon de voyage dans un condisciple qui devait faire honneur à l'Ecole de Lyon, M. Dumas (1). On sait qu'au charme attaché à la cullure des beaux-arts se joint le plus souvent le sentiment délicieux d'une douce sym- pathie qui unit ceux qui les professent. Bien que M. Dumas ne dût pas courir la même carrière que Butavand, ils avaient l'un pour l'autre de l'estime et une affection sincère; la confor- mité d'âge, de sentiments élevés, le désir et l'espoir de se distin- guer, les animaient et remplissaient leur cœur d'espérance. Arrivé à Paris, Butavand entra dans l'atelier de M. Ri- chomme (2), graveur d'une grande réputation, à qui il avait été recommandé par M. Artaud. 11 dût se féliciter avec juste raison de se trouver en mesure de se perfectionner dans son art ; mais il fallait vivre, et ce ne fui qu'après de bien pé- nibles et rebutantes tentatives que notre jeune provincial pût s'assurer en secondes et troisièmes mains des travaux suffi- sants pour subvenir à ses modiques dépenses ; ce fut alors aussi qu'il dut contracter des habitudes de frugalité et d'éco- nomie de tout genre, qui devaient épuiser ce corps déjà si éprouvé depuis l'enfance (3). (1) M. Dumas, qui a longtemps séjourné à Rome , est auteur du tableau de Ruth. ' (2) Parmi les œuvres renommées de M. Richomme, on distingue en pre- mière ligne Galatée, d'après la fresque de Raphaël. C'est à cette production de son burin qu'il dût d'être nommé membre de l'Institut. (3) Les gardiens du Louvre s'accordent à dire que, pour ne pas inter-