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                    MICHEL-PHILIBERT GENOIL                    235

  facile de comprendre qu'il a dû être nourri par sa mère el
  qu'il a dû se développer sous l'influence de bons et joyeux
  parents, (an( il y a d'exubérance et de vie dans sa nature et
  son talent. M. Genod est bien de tous nos peintres celui qui a
  mis Je plus son pinceau au service de son cœur. On y retrouve
  toujours, comme chez Greuze ou Wild, les scènes louchantes
  de la famille, l'expression des sentiments les plus tendres du
  cœur humain. C'est l'enfant malade ; c'est une mère regar-
  dant d'un œil morne un berceau vide ; c'est la bénédiction
  du père à l'heure de sa mort -, c'est le jeune soldat faisant
 ses adieux à sa famille en larmes ; c'est la fête de l'aïeul au-
  quel on présente pour bouquet le nouveau-né... heureux
 contraste ! c'est le chasseur désolé d'avoir tué son chien.
 Enfin, comme on le voit, ce sont là autant de petit poèmes
 qu'il a puisés autour de lui, ef qu'il a choisis de préférence,
 toutes les fois qu'il a été libre de se laisser aller à sa fantai-
 sie, à son cœur, à lui-même.
     Rien n'influe sur nous , sur notre organisation artistique,
 littéraire ou poétique , comme le milieu où nous naissons, et
 s'il nous était donné de redescendre les jours de la plupart
 des hommes célèbres en tous genres, nous retrouverions pro-
 bablement dans leur première enfance et jusque dans la
source même de l'allaitement maternel le germe de leur
talent, de leur nature. Tacite nous l'apprend , el je le dis
ici entre deux parenthèses , et qu'on me pardonne cet
étrange rapprochement, Néron eut pour nourrice une étran-
gère qui s'enivrait, la femme d'un barbier. M. Genod, lui, eut
sa mère pour nourrice. C'était une de ces braves ménagères,
à l'humeur toujours égale, et qui font marcher de front le
travail et la chansonnette. M. Genod vit donc s'écouler sa jeu-
nesse entre deux éclats de rire, entre deux chansons , entre
deux existences occupées et contentes de leur sort, dans le
ménage le plus gai et le plus uni qu'on pût voir. Il fut aimé