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236 MICHEL-PHILIBERT GENOD. de ses dignes et bons parents et il les aima. Cette part d'af- fectueuse tendresse et de grosse gaîté qu'il reçut d'eux en héritage , il la versa à son tour et la verse encore au sein de la famille qu'il s'est faite, dans le cercle de l'intimité, au milieu de ses nombreux amis. L'artiste reflète l'homme, et l'homme explique l'artiste. "S'il nous était permis d'entrer dans la vie privée, nous au- rions plus d'une révélation à faire, révélations dont sa mo- destie aurait seule à souffrir. Disons seulement que nul n'ap- porte dans ses relations plus de philosophie et de gaîté, plus d'esprit et d'enjoûment, plus de franchise et de cœur. Il fait la chanson avec la verve de Désaugiers; mais il faut surtout la lui entendre chanter avec ce ton et ces inflexions de voix de notre patois lyonnais, du vieux langage canut. Il n'existe pas de plus joyeux convive ,* de plus aimable conteur. Il y aurait bien ici une observation à faire, et, cette observation, je la soumets à qui voudra la résoudre. D'où vient que de tous les artistes, sculpteurs, graveurs et architectes, les pein- tres soient ceux qui excellent le mieux à faire des charges, à mettre en scène et en relief hommes et choses, avec un es- prit , un entrain qu'on ne trouve que chez eux ou chez les hommes de théâtre ? Gomme nous nous étonnions un jour de ne pas voir à sa boutonnière le ruban de la Légion-d'Honneur, M. Genod nous répondit avec un malin sourire : «Que voulez-vous ! en 1819 , j'aurais eu la croix, mais on me trouva trop jeune ; en 1839, je fus désigné pour cette récompense, mais il pa- raît qu'on me trouva trop vieux. » Il n'attend plus, mais nous attendons pour lui que justice se fasse. Léon BOITEL. < !