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LES TOURISTES A ROME. 59 exagéré le nombre des colonnes, et les a posées sur deux lignes légèrement convergentes. De celte sorte, l'escalier est plus étroit au sommet que dans les parties basses. L'œil du spectateur, trompé par cette dégradation artificielle, par cette fausse perspective, donne à l'œuvre de Bemin une pro- fondeur qu'elle n'a pas. On peut voir au palais Spada un effet perspectif de ce genre, dans une petite galerie d'ordre dorique, construite par Boromini, qui fut cependant un ar- chitecte des plus extravagants (1). Je crois avoir parfaitement démontré que les éloges, pro- digués généralement en faveur de Saint-Pierre, et répétés par les nombreux voyageurs qui, chaque année, s'abattent sur la ville illustre par excellence, sont entièrement dépourvus de saine critique. Si je me suis un peu étendu sur cette question des proportions, c'est que l'opinion, attaquée par moi, est tel- lement répandue dans le monde des touristes , qu'elle méri- tait une réfutation. J'ai plusieurs fois entendu des hommes, dont je fais le plus grand cas sous le rapport intellectuel, céder au torrent et formuler ce même jngemeut comme l'ex- pression de la vérité la plus simple. Je me-suis permis de critiquer la célèbre basilique, quant à ses proportions mal conçues, et au défaut absolu de carac- tère religieux. Je ne pousserai cependant pas l'exagération jusqu'à lui refuser toute espèce d'admiration. Pendant que Mazzini régnait à Rome, et que les Français faisaient ce siège, où toute l'habileté de leurs artilleurs s'ap- pliquait à ne pas causerie moindre dommage aux monuments de la capitale du monde chrétien, je me souviens de m'êlre (r) Sous le pontificat d'Urbain VIII , Barberini, — i(î»3-45. — Boromini fit construire la chapelle de l'université de la Sapiénza. Il donna à l'intérieur la forme d'une abeille. En efl'et, les abeilles figuraient dans les armes de la fa- mille Barberini. C'était une manière de flatterie pape régnant. Mais l'extra- vagance de la forme ne pouvait pas être portée pin? Soin.