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342 LODIS-PH1LIPPK D'ORLÉANS. à saluer ce qu'il ne voulait pas saluer, ni à estimer ce qu'il ne devait pas estimer. » La tactique de ce prince avait con- sisté jusqu'à ce jour à contenir l'une par l'autre ces fac- tions ennemies, en exploitant avec adresse les antipathies originelles qui les divisaient. En dépit de plusieurs défaites partielles qu'avait essuyées cette tactique, le succès lui était généralement demeuré. Toutefois, il était raisonnable de prévoir que ce système d'isolement échouerait tôt ou tard devant la désaffection croissante des esprits, et que l'établis- sement de juillet, si fortement éprouvé déjà par la coalition parlementaire de 1839, aurait bientôt à subir les dangereux assauts d'une alliance aussi compacte, aussi monstrueuse, aussi formidable que celle qui avait renversé le gouverne- ment de la Restauration. Mais s'il est vrai que, dans l'état des esprits, l'ordre po- litique représenté par la monarchie de 1830 , ne pût être sauvé par les voies régulières, au régime délétère que je viens de caractériser, à d'humiliantes et vaines concessions, j'eusse préféré, pour l'honneur de la France , l'extrémité même d'un coup-d'étal, dont le succès, comme parle Tacite, au- rait attiré à lui la consécration publique. La France, pays d'ordre et de loyauté, supportera toujours un gouvernement fort plutôt qu'un gouvernement corrompu. Car il n'y a dans la force ni erreur ni illusion : c'est le vrai mis à nu. J'aime mieux la Restauration disparaissant dans l'impuissance de son coup-d'état, que le gouvernement de juillet s'affaissant légalement avec lenteur sous le poids accablant de la contemp- lion publique. Servie, comme on l'a vu, par de puissantes facultés, la politique de Louis-Philippe manquait essentiellement de ces qualités cordiales et chevaleresques qui avaient donné tant de relief à l'habileté diplomatique de Henri IV. La chro- nique contemporaine a cité de lui un grand nombre de mots