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LOUIS-PHILIPPE D'OBLÉANS. 333 et la place de la Concorde, oubliant, dans le désordre de leur retraite , la jeune duchesse de Montpensier, qu'on re- cueille plus tard errante, éperdue. Arrivés , non sans obs- tacle , au Pont-tournant, tous deux montent à la hâte dans une modeste voiture de place, attelée d'un seul cheval ; les insurgés avaient dispersé leurs équipages à coups de fusil! La duchesse de Nemours les suit dans une seconde voi- ture : un escadron de dragons protège leur fuite. À la hau- teur des Champs-Elysées, le cortège royal essuyé une vive fusillade, dernier adieu du peuple de Paris, qui, par une sévère dispensation de la Providence, reprenait violemment au prince fugitif le pouvoir qu'il avait usurpé moins de dix- huit ans auparavant ! A son arrivée à Saint-Cloud, le roi s'aperçut pour la première fois qu'il était parti dans un état complet de dé- nûment. II fallut que les officiers de son escorte se cotisas- sent pour favoriser la fuite de celui qui occupait quelques instants avant le plus beau trône de l'univers. Ce fut à Dreux, dans la nuit du 24, qu'il apprit avec consterna- tion, de la bouche du duc de Montpensier, le mauvais suc- cès des efforts tentés à la Chambre des députés, pour la reconnaissance des droits de son petit-fils. Louis-Philippe n'avait vu dans l'insurrection de Paris qu'un orage passa- ger, qu'il s'était flatté de dissiper par une retraite mo- mentanée. Toute illusion devenait désormais impossible. Les augustes prosrits arrivèrent le 27 à Trouville, où les soins du docteur Biard et de M. de Pertuis, aide-de-camp du roi, leur procurèrent les moyens de passer en Angleterre. Mais une misérable concurrence entre deux patrons de bar- que faillit devenir fatale à leur sûreté. Il fallut éviter, par un prompt départ pour Honfleur, les investigations de la police. Enfin, après trois jours d'incertitudes et d'alarmes, les débris de la famille royale se réunirent le 2 mars devant