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326 LOUIS-PHILIPPE î)'ORLÉANS. pées de langueur par la révolution de 1830 , s'étaient insen- siblement ranimées au souffle puissant de la confiance publi- que, et une prospérité irrécusable recommençait à vivifier le sol raffermi (1). Par l'institution des caisses d'épargne et l'im- portation des salles d'asile , par les développements donnés à l'instruction primaire et la conquête assurée de la liberté du travail, le gouvernement avait fait preuve d'une sage sollici- tude pour les intérêts populaires. Les encouragements litté- raires étaient généralement distribués dans une judicieuse mesure, et M. Guizot avait jugé le gouvernement assez fort pour rétablir cette Académie des sciences morales et politi- ques dont l'Empire et la Restauration avaient craint de braver les abstractions démocratiques. De nobles monuments s'éle- vaient ou s'embellissaient sous l'impulsion fastueuse du chef de l'Etat, et toutes les grandes cités de France , à l'exemple de la capitale, attestaient par l'agrandissement et la décora- tion de leurs foyers l'augmentation de la richesse publique et privée. L'ordre matériel s'affermissait sous une législation gé- néralement obéie. A défaut de cette considération publique qui ne pouvait s'adresser qu'à une administration pure et dé- sintéressée, à d'irréprochables antécédents, les dépositaires du pouvoir avaient conquis une influence salutaire sur les po- pulations. Sans entraînement , sans sympathie personnelle, Louis-Philippe s'était fait accepter en France et à l'étranger, et l'habileté du gouvernement de 1830 avait h-eureusement effacé les traces matérielles du grand cataclysme dont il était issu. Mais celte position, en apparence inexpugnable, ne repo- sait en réalité sur aucun fondement sérieux. Egalement dé- (i) De t835à 1842, c'est-à -dire durant une période de sept ans, le nombre des cotes foncières s'était accru, dans des proportions variables, de 5 à 22 pour cent : résultat qui implique une invasion notable du prolétariat dans la propriété immobilière. »