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138 LOUJS-PHIUPPE D'ORLÉANS. gardes nationales du royaume. Cette action fut reprochée Sx Louis-Philippe comme un fait d'éclatante injustice. Et ce- pendant , quel gouvernement possible avec un auxiliaire aussi puissant , aussi incommode , aussi étranger aux exi- gences , aux nécessités gouvernementales ! Ce sacrifice , pré- vu par tous les hommes politiques, était préparé de longue main par les représentations de la diplomatie , et tout porte à croire qu'il entra comme condition formelle ou tacite dans plus d'une reconnaissance du nouveau pouvoir. Mais Louis- Philippe subissait les conséquences de son mode d'avènement au trône : il ne pouvait se séparer impunément d'un des hommes qui avaient le plus contribué à l'y élever. La Fayette se démit sur-le-champ des fonctions décommandant-général, et repoussa obstinément toutes les instances affectées ou sin- cères que le roi mit en œuvre pour le faire revenir sur sa détermination. Louis-Philippe lui ayant proposé le titre de commandant honoraire : « Votre Majesté , répliqua le gé- néral un peu piqué, se contenterait-elle d'être un roi hono- raire ? » La Fayette alla reprendre à l'extrême gauche de la Chambre la place qu'il n'avait cessé d'y occuper durant la Restauration. Jusqu'à sa mort, qui eut lieu en 1834 , il re- poussa toute occasion de rentrer en rapport avec le roi qui avait nié le fameux programme de VHôtel-de-Ville : « Nous sommes , disait-il , dans la position de deux gentlemen qui se sont donné un démenti mutuel ; les circonstances ne nous permettent pas d'aller au bois de Boulogne , mais elles nous empêchent de nous faire des visites. » Après l'insurrection de 1832, il se démit des fondions de maire et de conseiller municipal de sa commune , ne voulant plus avoir affaire, dit-il , à la contre-révolution de 1830 (1), et mourut plein d'illusions à la fois et de dégoûts. (1) Notice sur lafayette, p. 139. •