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50 DISCOURS DE M- A. BONNET. la méthode d'observation. Précise par les expériences qu'elle excite, et les faits qu'elle recueille, elle ne renferme point l'homme dans le cercle étroit des sens et de l'époque où il vit; elle lui recommande l'emploi du raisonnement pour s'é- lever aux lois et aux causes des phénomènes, et elle veut qu'il profite des recherches antérieures en les contrôlant, et en ne se soumettant pas aveuglément à leur autorité. Cette soumission aveugle à une autorité insuffisante est, avec l'abus des hypothèses, l'écueil qui a rendu vains les tra- vaux de tant de siècles et de tant d'hommes supérieurs. Son influence a été plus passagère, car tandis que la méthode hypothétique a infesté la science de tous les temps, et la trouble encore fréquemment de nos jours, la soumission irréfléchie à une autorité incompétente ne lui a fait obstacle que pendant le moyen-âge et les premiers temps de la renaissance. Ceux qui, à celte dernière époque, firent cesser cette fâcheuse in- fluence, et dégagèrent l'esprit humain de la domination d'Aristote, digne sans doute de servir de guide dans la voie scientifique, mais alors mal interprété et mal compris ; ceux- là , dis-je, ont rendu d'immenses services. Le mouvement tout entier du seizième siècle, époque de révision de tous les sujets dont s'occupe l'esprit humain, fut sans doute la première cause de cette tentative d'indépen- dance. Il n'en faut pas moins tenir compte de tous les essais qui préparèrent la réforme scientifique, définitivement for- mulée par Bacon, et élevée par lui à la hauteur de la méthode générale. Parmi les hommes qui concoururent à cette heureuse ré- volution , il est juste de signaler l'école des anatomistes du seizième siècle qui, commençant à Vésale et finissant à Fabrice d'Aquapendente, étudia l'anatomie humaine, non plus comme ses devanciers, dans les ouvrages de Galien et dans ceux des Arabes, mais dans la nature môme, et qui poursuivit cet ordre