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508              BDLLET1N BIBLIOGRAPHIQUE.
sa fermeté, de toute son énergie, non pas pour résister lui-même
aux manœuvres qui furent pratiquées, mais pour les déjouer et
pour garantir le jury de leur influence.
   » Après huit jours entiers de débats solennels et passionnés,
l'acquittement fut prononcé. Le résumé que M. Reyre prononça
devant les jurés, l'allocution qu'il adressa aux accusés, après
l'acquittement, et que sa famille a pu retrouver dans ses pa-
piers, sont de véritables chefs-d'œuvre et d'admirables modèles
en ce genre. M. Reyre disait souvent que le jour où il avait pu
rendre à la liberté, avec un verdict d'innocence, les deux malheu-
reux naguères envoyés aux galères par une inique condamnation,
avait été l'un des plus beaux de sa vie. »
   Créé chevalier de la Légion-d'honneur en 1822, sur la de-
mande spontanée du garde-des-sceaux, M. Reyre fut nommé, à
peu près à la même époque, président de chambre à la cour
royale. Il avait 60 ans alors. On sait quelle considération il
s'acquit dans ces hautes fonctions qu'il devait exercer sans in-
terruption jusqu'à la fin de sa vie. Son ardeur pour le travail
sembla redoubler encore. On eût dit qu'il puisait de nouvelles
forces dans le sentiment des nouveaux devoirs qui lui étaient
imposés. Etudiant avec soin toutes les affaires soumises à la
Chambre qu'il présidait, rédigeant lui-même ses arrêts dont
plusieurs resteront comme des modèles, il se montrait infati-
gable, comme aux jours où, jeune avocat, il avait sa réputation à
faire.
   M. Reyre, nous l'avons dit, était dévoué à la Restauration ;
mais, les fautes du pouvoir, tombé aux mains de Charles X,
éclairant sa conscience, il vit le danger et comprit, avec tous
les hommes sages, que le moment était venu de donner des
avertissements à la couronne. Aussi le vit-on, dans une cir-
constance mémorable , se séparant de la plupart de ses anciens
amis, manifester son opposition à la marche du gouvernement
royal. Un procès de tendance ayant été intenté au Précurseur ,
en 1827, ce fut à sa fermeté et à son courage que ce journal,
organe des opinions libérales, dut son acquittement inespéré.
  Mais rien ne pouvait arrêter le pouvoir sur la pente de l'abîme,