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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. b09
où il courait. Si les événements de 1830 affligèrent M. Reyre, et
ils l'affligèrent profondément, du moins ne désespéra-t-il pas de
la France. Ennemi de l'anarchie, il comprit la nécessité d'ac-
cepter les faits accomplis et de se rallier , sans arrière-pensée,
au nouvel ordre de choses. Il n'hésita donc pas à prêter serment
au gouvernement de Juillet.
Comme président de Chambre et doyen d'âge de la Cour royale ,
M. Vincent Reyre eut souvent à remplir les fonctions de pre-
mier président, en l'absence de ce magistrat, presque continuel-
lement retenu à Paris par d'autres devoirs. On se rappellera
longtemps quelle dignité, quelle noblesse déployait ce vieillard,
à la physionomie vénérable , lorsqu'il portait la parole au nom
du corps élevé qui s'honorait de le voir à sa tête. L'un des fils
du roi, le duc de Nemours, à son passage à Lyon, en 1843, fut
vivement ému du discours que lui adressa M. Reyre , parlant au
nom de la Cour, discours qui renfermait une allusion touchante
à la mort du duc d'Orléans. Aussi, de retour à Paris , le prince
s'empressa-t-il d'annoncer, lui-même , à M. le président Reyre
que, sur la demande qu'il en avait faite au roi, il venait d'être
élevé au grade d'officier de la Légion-d'Honneur.
Mais cette dernière distinction devait bientôt parer un cercueil.
Jusqu'en 1846, M. le président Reyre n'avait connu aucune
des infirmités de la vieillesse. Sa taille ne s'était point courbée ;
son regard avait le même feu ; son esprit avait conservé toute sa
vivacité ; son aptitude au travail était toujours aussi remarqua-
ble. Mais, vers cette époque , il fut atteint d'une maladie de la
peau (lepemphigus) qui, disparaissant quelques mois plus tard,
ne devait pas moins, par le trouble qu'elle avait apporté dans
cette organisation jusque-là si forte , hâter le terme d'une vie
si honorablement remplie.
M. Reyre expira le 14 juin 1847, entouré de sa famille, et
après avoir reçu les secours de la religion. Il touchait à sa quatre-
vingt-cinquième année.