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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE, 507
plusieurs des témoins qui avaient déposé à charge contre lui sont
condamnés pour faux témoignage, le ministre de la justice char-
gera le procureur-général près la Cour de cassation de dénoncer
le fait à la Cour, et que la Cour, après avoir vérifié la déclara-
tion du jury sur laquelle aura été prononcée la condamnation
des faux témoins, annulera le premier arrêt prononcé contre
l'accusé, et le renverra, sur l'acte d'accusation primitif, devant
une autre Cour d'assises. »
» Cette disposition législative n'a été mise en pratique que dans
deux ou trois circonstances : elle s'appliquait évidemment à l'af-
faire des condamnés de Dunières ; mais il fallait solliciter et ob-
tenir cette implication. La femme Rispal, c'était son nom, et il
mérite d'être reproduit, après avoir réussi à faire condamner le
principal accusateur de son mari, ne se lassa pas, et poursuivit
jusqu'au bout la mission qu'elle s'était donnée. Trois fois elle
fit, Ã pied, le voyage de Paris; ses sollicitations, son admirable
constance furent enfin couronnées de succès ; elle obtiut un ar-
rêt de la Cour de cassation qui annulait celui en vertu duquel
son mari et son beau-frère étaient aux galères, et les renvoyait
devant la Cour d'assises de la Loire.
» M. Reyre était appelé à présider la session pendant laquelle
devait être jugée cette dramatique accusation. Mais tout n'était
pas fini pour les malheureux condamnés de Dunières et l'héroï-
que femme .Rispal. Cette affaire avait excité, on ne saurait dire
pourquoi, beaucoup de fermentation dans le pays. Les passions
locales avaient été agitées ; on avait pris fait et cause pour ou
contre les accusés. Cette affaire, en un mot, par une inexplica-
ble transformation, était devenue une affaire de parti. Le maire,
le curé étaient contraires aux accusés, et diverses autorités civiles
et religieuses avaient suivi leur impulsion ; les députés même
du département, obéissant déjà à l'influence électorale que nous
avons vue depuis se développer si largement, ne se tenaient point
à l'écart, et ne dissimulaient pas leurs dispositions hostiles con-
tre les accusés. Ces derniers se présentaient donc devant la Cour
d'assises de la Loire ayant à lutter contre les plus vives, les plus
ardentes préventions. M. le président Reyre eut besoin de toute