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SORTIE DES LYONNAIS. 289
drait d'elle. Elle m'apprit que deux de ses frères avaient
trouvé le moyen de se sauver de Lyon, qu'ils étaient de retour
dans la maison paternelle, mais que le troisième n'avait pas été
aussi heureux et était en état d'arrestation.
Le troisième jour, j'eus la visite du père M., et de ses deux
fils qui me comblèrent de marques de bienveillance et de
sensibilité. Mlle M. vint encore me voir le lendemain et me
fit sentir la nécessité de me séparer de mes deux compagnons ;
elle m'observa que le service que nécessitait la nourriture de
trois personnes pourrait faire naître des soupçons et compro-
mettre notre sûreté; il fut convenu en conséquence queGor...
et Hi... partiraient quelques jours après; ils me quittèrent
effectivement tous deux. Gor... partit pour St-S... Ce brave
jeune homme fut, quelque temps après, arrêté à Lyon, où
il avait été voir son père; il a longtemps partagé sa prison;
son âge seul l'a sauvé et son malheureux père a péri ; je l'ai
revu ensuite avec bien de l'intérêt depuis son élargissement.
Mon second compagnon resta dans les environs et devint mon
pourvoyeur; il s'était retiré à V., auprès de son oncle, qui
était vicaire de ce village et y jouissait de toute la confiance de
ses braves paroissiens.
Douze ou quinze jours après mon arrivée, soixante hommes
de gardes nationales de Feurs , Rozière et autres villages,
vinrent faire une visite à Sainte-À. Ils arrivèrent à cinq
heures du matin et investirent la maison d'Antoine S., offi-
cier municipal. M. Flis aîné, qui était devenu mon compa-
gnon de cache depuis le départ des deux premiers, se trouva
dans celte maison avec son frère, ils y allaient l'un et l'autre
pour travailler aux registres de la paroisse ; ils furent avertis
par un domestique de la maison qui parlait pour aller au
moulin; ils eurent le temps de prendre les précautions qu'exi-
geait leur sûreté. M... l'aîné se jetta précipitamment dans
un lieu caché de la maison : son frère cadet ne voulut pas
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