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290 SOB'flË DES LYONNAIS.
l'y suivre, i! crut se sauver en conduisant lui-même la voiture
qui était attelée pour aller au moulin ; et il sortit au moment
où la garde nationale entrait pour fouiller la maison ; on le
laissa passer, mais malheureusement il rencontra dans sa
route une autre troupe où était le maire de R..., qui, en le
nommant, le fit arrêter. Cette troupe venait du moulin, où
elle avait déjà arrêté deux personnes, dont Tune était P. L.,
frère de mon hôte. La garde, qui entourait la maison de S...,
fit des recherches infructueuses, et, pour ne pas perdre ses
peines, elle arrêta l'officier municipal lui-môme et son do-
mestique, pour avoir reçu le jeune M... Le nommé L... et
son domestique, de Sainte-A..., furent aussi arrêtés comme
suspects: ils ont depuis recouvré leur liberté. Après deux
mois de détention, le jeune M... a été fusillé à Feurs. Ce
brave jeune homme, âgé seulement de dix-sept ans, avait cinq
pieds six pouces, joignait à cette taille avantageuse la figure la
plus agréable et le caractère le plus intéressant; je l'ai bien vi-
vement regretté. Lors de cette malheureuse affaire, mon hôte
vint m'avertir dans ma cache; sur le champ je mis mes armes
en état, bien décidé à en faire usage : heureusement je n'en
eus pas besoin. A neuf heures, je fus instruit que le danger
était passé, et je sortis de mon souterrain.
Peu de jours après, le fils M..., qui avait été arrêté Ã
Lyon, arriva dans sa famille après avoir été acquitté par
le tribunal militaire de cette ville. Il revint avec un de ses
oncles chartreux, homme du plus grand mérite échappé aux
plus grands dangers; ils vinrent me voir, et ne me cachèrent
pas la situation critique où était leur village et l'effervescence
qui régnait aux environs. 3e ne me dissimulai pas que ma re-
traite, dans leur pays, pouvait le perdre entièrement, si elle
était découverte. Le Chartreux me dit qu'il avait le projet de
sortir de France et que je ferais bien de prendre aussi ce
parti; qu'un de ses amis devait l'accompagner et préparerait