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                    SORTIE DES LYONNAIS.                     203

criaient: Rendez-vous, il ne vous sera pas fait de mal.
M. Restier parla à l'un d'eux qu'il vit sans armes, lui promit
un louis d'or s'il voulait lui apporter une cruche de vin. Le
paysan y consentit.
   Tout était perdu , je n'en pouvais douter. J'éprouvai ce-
pendant un moment de jouissance dans cette horrible posi-
tion. Cette jouissance, il est vrai, déchira plus douloureuse-
ment mon âme que la plus affreuse souffrance ; mais je rece-
vais la dernière preuve de l'amour des Lyonnais !!! M. Res-
tier, M. Scmith, plusieurs autres, tous , m'engagèrent, me*
supplièrent de me séparer. Ils ajoutent , pour me décider ,
qu'ils ne peuvent capituler, si je suis avec eux. Je ne pus
résister à de telles instances. Le jeune Audras surtout ; cet
excellent jeune homme me priait, les larmes aux yeux , me
serrait les mains, m'offrait tout ce qu'il avait. J'ai peu vu au-
tant de candeur , de valeur et de sensibilité réunies. J'allais
placer encore quelques postes, lorsque M.Scmith, venant à
moi, me dit : il n'y a pas un moment à perdre.
   Je dois la vie à cet avis, je me décidai enfin, et je me jettai
dans le bois , à quinze pas au plus de mes postes. Je vis bien-
tôt revenir M. Scmith. 11 me dit qu'il y avait quelque espoir de
capituler. Je l'engageai a gagner du temps, et je lui fis pro-
mettre de venir me rejoindre avec MM. Restier et Audras.
Il me laissa son manteau et sa petite provision de chocolat.
   Un quart d'heure après j'appris que, sous prétexte de fra-
terniser (moyen odieux toujours employé par ces scélérats) ,
et afin de faciliter leur approche, des hussards escortaient la
cruche de vin demandée par M. Restier. D'autres hussards,
et des dragons s'approchèrent en même temps. Les gardes
nationales s'avancèrent aussi de tous côtés.
   Ils étaient enfin tous au milieu des Lyonnais. Incapables
de soupçonner une si lâche perfidie, ils parlementaient avec
eux , et se fiaient aux promesses faites par les paysans ,