page suivante »
DANS LES UNIVERSITÉS DE L'ALLEMAGNE. 85 la croyance à l'immortalité sur des principes empruntés au philosophe de Berlin. Il appuie solidement la foi en une vie au-delà du tombeau, sur l'argument téléologique ou psycho- logique tiré de la perfectibilité sans bornes de nos facultés, et du désir immense que nous avons d'approcher toujours plus d'un but que nous n'atteignons jamais. Comment faire mieux pour justifier nos espérances les plus chères, pour expliquer les pressentiments d'un cœur qui sent que l'infini est sa patrie? Il est vrai que des discussions hazardées sur la nature du corps dont un jour nous serons, sans doute, revê- tus, ôlent quelque peu de leur autorité aux paroles graves que le professeur de Tûbingue prononce sur la destinée immortelle de l'esprit humain. Fichte n'a pas su se tenir assez loin du domaine de l'hypothèse; il met une importance exa- gérée a celles que lui paraissent fournir quelques analogies physiologiques. Enfin, se fondant sur l'idée sublime que Dieu lui-même est la nourriture de nos âmes, il semble parfois, quand il parle de la fin des méchants, abuser du sens profond que contient celte expression religieuse. Mais ce sont là des taches accidentelles auxquelles on ne s'arrêterait qu'au risque de ne pas rendre justice à l'ensemble d'un excellent et pro- fond ouvrage. Le livre de Fichte ressemble à ces tableaux rares et précieux dans lesquels le critique vulgaire se ré- jouit de trouver quelqu'imperfeclion, mais dont la haute supériorité n'est pas contestée par le juge impartial et sévère. Fichte est l'un des auteurs destinés à amener en philosophie une ère meilleure. La spéculation germanique est arrivée aujourd'hui à une période de transition. Pour s'en assurer, il suffirait, à défaut de preuves plus concluantes, de considérer le grand nombre d'études rétrospectives qui se publient en Allemagne sur la marche de la pensée, et spécialement sur celle de la pensée moderne. Celte direction de la science est toujours le signe