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                          UGO FOSCOLO.                         375

ne lui offre que difficultés et graves tristesses. 11 manque
d'argent par suite de la ruine ou de la mauvaise foi de quel-
ques libraires ; des œuvres qui intéressent sa gloire sont sus-
pendues ; on calomnie son caractère public, sans égard aux
sacrifices qu'il a faits pour l'établir irréprochable. Denx patries
le réclament, la Grèce et l'Italie ; il satisfera à chacune en dé-
diant à la première sa traduction d'Homère, et à la seconde
ses travaux sur Dante. Il aurait pu ajouter à ce dernier don
des essais précieux sur Petrarca, et une admirable pièce ly-
rique sur i Sepolcri. Ses affections et sa santé affaiblie par
le climat anglais, le rappellent dans la patrie de ses jeunes
années ; il ira bientôt s'y fixer. Pauvre, mais fidèle à ses
principes et â ses sentiments, il n'acceptera rien du gouver-
nement étranger; il professera, autant pour ses plaisirs d'in-
telligence que pour les nécessités matérielles, la philosophie j
et la littérature. Voilà l'esprit de cette lettre : rien ne fut réa-
lisé. Torquato avait pu choisir son dernier asile, il avait pu
dire sans se tromper : Je mourrai là ; cette douceur manque
à Foscolo. Le brillant soleil des îles Ioniennes n'éclaira pas
ses jours difficiles ; en septembre 1827, il s'éteignait dans le
sombre horizon de l'Angleterre. Quelques proscrits italiens,
quelques Anglais avec eux, souscrivirent pour élever un mo-
nument à l'homme qui toujours avait défendu le droit éter-
nellement violé de l'homme, sa liberté.
  Comme Alfieri, le poète de Zante s'est peint dans un sonnet
avec sont front sillonné, ses yeux creux et attentifs, ses che-
veux fauves, ses joues desséchées son aspect hardi, ses lèvres
épaisses et lentes au sourire, sa tête inclinée, sa démarche,
sa pensée, son action et sa parole rapide. Il termine son image
poétique par une intuition et un trait douloureux : « La pru-
« dence parle à ma raison ; mais mon cœur plein de vices et
« de repentir est en proie au délire. Habituellement je suis
« caché, toujours pensif et triste; la crainte et l'espérance me